Comme souvent, ce post ne contient rien de très politique ni de très profondément intellectuel, je voulais juste en parler, écrire un peu, faire un point sur les émotions qui me traversent depuis vendredi et partagez ça avec vous qui me lisez lors de mes joies et peines de voyages.
Je souffre à distance pour ce qui s'est passé, je me perds dans ces recommandations diverses qu'on nous fait, les ordres parfois même qu'on semble me donner sur comment je devrais le vivre, de ne pas avoir peur pour ne pas leur donner raison. C'est avec honte au début mais maintenant avec plus d'assurance que je le dis, moi j'ai peur. Mais c'est normal non ? Ce n'est pas un choix, c'est une émotion, elle est au creux de mon ventre simplement parce que ce sont les rues où nous avons été, joyeux, boire un verre ou nous embrasser sans peur et sans reproche, vivant au hasard d'une station de métro, d'un marché super cool, d'une place de concert offerte par hasard. C'est Paris. Paris qui me fait sourire, parce que je commence à y créer des souvenirs quand je rentre retrouver mon amoureux. Paris qui me fait pleurer quand je mets BFM en direct un vendredi dans la nuit pour observer, pétrifiée, ce qui est en train de se passer. Ils ont éclaboussé de sang nos vendredi soirs festifs et les bonheurs des fins de semaines. Je n'en reviens pas.
Vivre ces attentats de loin n'a peut-être pas été plus dur que de le vivre chez soi, mais je l'ai vécu, et le vis encore assez mal. Le deuil national ne s'étend pas au delá des frontières, ici les gens ont de la compassion, ils comprennent, ils me demandent comment ça va, si la famille está bien. Oui.
Mais ils ont la joie de vivre, lundi était un jour normal au travail, plein de monde de bruit, de rire. Les rues étaient pleines de touristes et de soleil. Vous le saviez, vous, que c'est l'automne le plus beau que j'ai jamais vu ? Que les feuilles sont multicolores et que le ciel est d'un bleu aveuglant ? Je n'ai pas le coeur à prendre des photos, pas le coeur à être créative, à être tendre et apprécier, et je sais que justement je devrais d'autant plus profiter de la vie et les jolies choses, mais je sais aussi que j'ai le droit de digérer le choc, de fonctionner en automatique quelques jours le temps de me remettre de cette attaque contre notre humanité, nos libertés, nos plaisirs...
Mais ils ont la joie de vivre, lundi était un jour normal au travail, plein de monde de bruit, de rire. Les rues étaient pleines de touristes et de soleil. Vous le saviez, vous, que c'est l'automne le plus beau que j'ai jamais vu ? Que les feuilles sont multicolores et que le ciel est d'un bleu aveuglant ? Je n'ai pas le coeur à prendre des photos, pas le coeur à être créative, à être tendre et apprécier, et je sais que justement je devrais d'autant plus profiter de la vie et les jolies choses, mais je sais aussi que j'ai le droit de digérer le choc, de fonctionner en automatique quelques jours le temps de me remettre de cette attaque contre notre humanité, nos libertés, nos plaisirs...
Dimanche je suis allée aux commémorations à Madrid, qui étaient surmédiatisées, pleines de cameras et de photographes, de membres de la mairie et de l'ambassade qui étaient très borderline au niveau du respect du deuil entre bises et éclats de rire mondains. Mais ce qui a suivi, entre français et espagnols venus pour nous soutenir, était fort en émotions. Des gens nous ont pris dans les bras, nous ont dit qu'ils étaient désolés, qu'on soit loin de nos familles, mais que ça irait.
Et au final, vraiment je m'en fous qu'on prie ou qu'on pleure, qu'on reste silencieux, qu'on chante la Marseillaise ou pas, qu'on ait besoin de se retrouver entre français à une commémoration ou seul dans sa chambre, qu'on y pense simplement, c'est de l'énergie positive qui se diffuse et il n'y a rien à condamner. Mais il me restera l'image des bougies et des fleurs, des mots de paix devant les grilles de l'ambassade. Un petit bout de ce qui se passait chez nous lá-bas, était dans cette rue de Madrid, et je pense que j'avais besoin que ce chagrin que je ressentais depuis vendredi soir se manifeste devant et autour de moi, de sentir que je pouvais le partager sans crainte et sans honte.
Bientôt la vie va reprendre, parce que c'est l'ordre des choses, parce que le chagrin se remplace par les joies plus récentes, mais je ne sais pas si je vivrai pareil, je ne sais pas si le pire ne me traversera pas l'esprit quand je me baladerai tranquillement. La vue des militaires dans les rues de Paris quand j'allume la télé me fait froid dans le dos, et même si partout on entend le mot guerre, je n'ose pas encore me faire à l'idée pour de vrai, peut-être parce que nous sommes une génération qui n'avons jamais connu la guerre sur notre territoire, peut-être parce que le Daesh n'est pas un état et qu'il est donc difficile de comprendre de comprendre ce concept de guerre si notre ennemi est un peu partout..
Je suis tombée hier sur cette vidéo de Madmoizelle qui m'a fait du bien, et je la partage avec vous, pour conclure. Passez une belle journée.
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