lundi 17 juin 2013

Ce soir je suis allée au cinéma. Ancora.

J'ai vu un film qui me ressemblait. Je me suis dit que c'est fou, cette fascination pour les choses qui nous ressemblent, ce besoin d'être compris, de ne pas être seul à ressentir cette folie du rien, cette peur des sentiments, cette flamme d'écrire qui doucement se transforme en flemme, et ça n'est plus pareil. 


La Grande Bellezza - Paolo Sorrentino



J'avais trouvé le trailer plat, j'avais trouvé le trailer attirant mais sans plus, mais, puis bien plus important, le film m'a parlé, avec ses images, sa musique, ses mots, sa douceur et sa surprise, son dynamisme et sa lenteur, ses nonnes qui font de la balançoire, ce protagoniste qui se fait vieux et vit sa vie dans l'ombre d'un premier amour, et qui parle de Flaubert, connait Fanny Ardant et habite un appartement de snobinard avec vue sur le Colisée. J'ai presque senti l'odeur et l'air chaud de Rome dans les plans prolongés, les bruits et la langue, che bella ! Rome est filmée à sa juste valeur, dans sa splendeur de ville musée. C'est un film qui m'a fait admirer la technique, qui m'a éblouie de couleurs, d'émotions, de moments de vie farfelus, dans un monde de riches snobs qui ne savent plus comment remplir leur existence, qui passe et vite de surcroît. C'est un film sur Rome, à Rome, avec des Romains dans leur monde de fausseté, de mensonges à eux-mêmes qui pourtant laisse apparaître des instants de fragilité. Les mots étaient beaux, pas seulement pour la langue, pas seulement. Ça a commencé avec une citation de Céline dans Voyage au Bout de la Nuit, et ça m'a plu. C'est un long film qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui, si on se laisse bercer par le réalisme mêlé la magie d'un monde plus que mondain - dans leurs discussions et fêtes, dans leurs extravagantes maisons et envies -  nous émerveille, nous fait peur, nous attendrit et au final, nous (me) fait RESSENTIR beaucoup de choses. Rares sont les films sur la vieillesse que j'aime, et rares sont ceux qui en parlent sans clichés. Si l'écrivain cynique en panne d'inspiration mais qui s'en moque, à qui reprend l'envie d'écrire quand il apprend que son premier amour est morte, que par dessus le marché, elle l'a aimée toute sa vie, même mariée à un autre, alors oui, c'est peut-être cliché. Mais c'est un cliché juste, c'est un cliché qui marche parce qu'il n'est pas toute la trame du film, parce que justement le film est comme la vie. On pense à quelque chose, puis à une autre, on parle, on danse, on entreprend et abandonne. On a des envies comme ça, on agit, puis on pense. Voilà c'est ça, ça a été filmé comme la vie, même dans l'absurdité totale, même dans les moments de folie, même dans les rêves et les imperfections. Rome, la vie ( une girafe, une naine, et une sainte). 

( Extrait )


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