mercredi 5 juin 2013

Hier soir je suis allée voir...

  Le Passé d'Asghar Farhadi. 


La bande annonce n'est pas très explicite, mais elle décrit bien l'atmosphère du film. Des secrets, une famille recomposée, décomposée à souhait et des personnages aux émotions fortes et d'une justesse incroyable dans leur rôle. Studio magasine a comparé ce film a un polar, polar émotionnel, polar familial, et il est vrai que le film est construit de cette façon, suivant pas à pas les révélations des personnages, d'abord en manque cruel de communication, coincés dans les non-dits. Le film suit une évolution intéressante. Nous partons des non-dits, d'une famille en tension, fatiguée des cris, d'une vérité qu'on ne dit pas. Par l'intermédiaire d'abord d'un seul personnage réapparaissant dans leur vie pour la première fois depuis quatre ans, les personnages vont se confier, mettre sur ses épaules toute la communicati on ratée au sein de leur noyau familial décomposé. En laissant les vérités de chacun éclater, les personnages se rapprochent, se réconcilient peu à peu, laissant pourtant cette recherche de la vérité absolue, ces questions que l'on se pose mais dont on n'aura jamais la réponse, les envelopper peu à peu. Est-il important de comprendre le passé, et le peut-on seulement parfois? C'est la grande question qui nous habite à la fin du film. La vérité blesse, la vérité peut avoir des conséquences abominables, pourtant on nous dit de ne pas mentir. Et le passé dans tout ça? Et bien peu à peu, on se rend compte que le présent n'est qu'un cadre de souvenirs ressassés, de pourquoi et de comment d'une période révolue qui pourtant influence leur existence chaque jour. Un passé difficile à comprendre, difficile à oublier même en essayant très fort, et auquel on ne sait pas finalement, si les personnages survivront dans leur ' nouvelle vie'.


Le Passé est donc un film qui fait réfléchir, qui traite beaucoup de sujets sensibles et actuels, comme la recomposition de la famille, la dépression, le besoin de partir, l'adolescence, la psychologie des enfants ayant vécu un drame. Seulement voilà, tout cela est issu d'une reflexion 'd'après-film', et ce qui me frappe c'est cette capacité du réalisateur à aborder tous ces sujets, avec le fil conducteur du manque de communication et de la place de la vérité et du passé, sans même que nous nous en rendions compte. C'est un tableau de vie, filmé avec une telle précision dans les émotions et le naturel que d'une part le réalisateur, (ne parlant pas français ! Comme quoi la barrière de la langue n'en est pas une quand il s'agit de cinéma et d'émotions ) et les acteurs peuvent en être grandement félicités, comme l'a été Bérénice Béjo au Festival de Cannes cette année. Sa performance en tout cas très différente que dans the famous 'The Artist' de Michel Hazanavicius, prouve bien la capacité de cette actrice à s'adapter dans des rôles opposés avec justesse.

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