François Ozon, c'est un réalisateur phare pour moi. Il est capable de nous tenir en haleine le temps d'une pièce de théâtre adapté à l'écran avec 8 femmes, de nous faire - flipper grave - avec Swimming Pool, ou de nous faire bien rire (sur fond politicomique) avec Potiche ! ( Etc.) C'est donc en toute évidence que je me suis dirigée vers une salle de cinéma dès la sortie de son nouveau film.
Jeune & Jolie - François Ozon
(Oh et une mention spéciale pour la bande annonce, qui exprime bien l'ambiance sans en dire trop. Great!)
Ozon m'a captivée, à travers les yeux de Marine Vacht ( à elle-même probablement assez captivante d'ailleurs). La nudité, on y est habitués dans nos films d'auteurs français, d'ailleurs les familles bourgeoises dans leur beaux appartements parisiens, on connait. Il faut du fond, et le fond c'est une histoire de jeune fille qui se prostitue " sans raison apparente", loin des documentaires sur la prostitution des jeunes filles sans ressources, loin des questions de psychologie sur le pourquoi du comment, et des traumatismes qui peuvent pousser à ça. On se pose des questions le long de ce film, on se pose d'ailleurs les mêmes que les personnages secondaires, et puis d'autres, sur notre société et la place du sexe. A vrai dire, bien que le film tourne essentiellement sur le personnage d'Isabelle ( Marine Vacht), jamais on ne pourra comprendre ou même entrevoir une pointe d'explication. Elle ne laisse rien paraître, et pourtant c'est fort à voir. Isabelle fait peur, menace de sa voix douce sa mère de dénoncer son adultère, parle de sexe ouvertement à son jeune frère, et surtout se prostitue avec une froideur sans égal, d'un air mélancolique ce qui fait sa beauté peut-être, surement. Ce que j'ai aimé du film, c'est qu'on ne part pas de généralité. On expose simplement une histoire, l'histoire d'une jeune fille dont les pratiques sont un peu particulières (certes) et qui doit ensuite subir les conséquences de ses actes, du à son jeune âge et à son milieu. Je n'ai pas trouvé de jugement particulier, on ne dit pas que la prostitution est bien, ou mal d'ailleurs, on en voit juste les opinions d'un entourage un peu perdu, d'un psychologue sans réponses, de la police, des habitués.
Et puis il y a de l'humour, et ça, c'est important. J'ai ris pendant certaines scènes, de la situation ou des mots, et entre deux regards glaciaux d'Isabelle, ça fait du bien.
Les personnages secondaires ont tous leur place, tous une personnalité bien à eux qui ajoute un piment particulier au film. Retrouver la puissante britannique Charlotte Rampling dans un rôle touchant et frissonnant de la femme trompée et pourtant si digne, m'a fait chaud au coeur. Geraldine Pailha est excellent dans le rôle de cette mère dépassée par les événements, aux côté de Frédéric Pierrot, hilarant dans sa naïveté et sa maladresse.
Enfin, certaines scènes en elles-même valent le coup d'aller payer son ticket, comme celle du poème de Rimbaud " On n'est pas sérieux quand on 17 ans" , récités par des élèves chacun leur tour ( dont Isabelle), et qui est si touchante. Et puis, même si c'est une histoire de prostitution, c'est aussi et surtout une histoire de jeunesse. Le retour de vacances, rêvant l'air sérieux dans la voiture, l'été de ses seize ans, moi ça me fait sourire, parce qu'on a tous en nous ce retour de vacances où tout avait changé, et pourtant pas tant que ça. En tout cas, moi oui. Ce sont des sentiments qui nous parlent, cet abandon de son enfance, cette découverte d'un monde d'adulte où l'adultère, le sexe, les problèmes de couple, de confiance et de santé existent et que les parents ne sont plus nos boucliers. Cet âge où l'on se rend compte qu'à partir de maintenant, on aura des secrets qu'on ne dira plus à maman parce qu'ils sont plus lourds que nous, cet âge où l'on atteint malgré soi un point de non retour. La prostitution est bien là dans ce film, mais si on la considère comme une image, si on la considère comme n'importe laquelle des " bêtises" que l'on peut faire en entrant dans l'âge adulte, un peu penauds, un peu perdus, alors ce film parle à tous.
Pour plus d'infos, et de critiques : http://www.francois-ozon.com/fr
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